Claire Delpouve : "Le sport, c'est fondamental pour tracer un chemin vers l'autonomie"

L’engouement qu’ont suscité les Jeux paralympiques a momentanément mis en lumière l’association entre sport et handicap. Spécialisée à la fois en médecine du sport et en médecine physique et de réadaptation, le docteur Claire Delpouve nous explique comment, au-delà d’un l’événement auquel elle a participé en tant que médecin, le sport joue un rôle non seulement physique, mais également existentiel.

Comment vous êtes-vous intéressée à la question du sport et du handicap ?

Claire Delpouve : J’ai commencé très jeune à pratiquer la gymnastique de manière assez intensive. Cela m’a presque naturellement amené à la médecine du sport. Lorsque j’ai découvert l’univers du handicap durant mes études de médecine au sein du centre régional de médecine physique et de réadaptation « Les Herbiers » du Groupe Ugecam, cela m’a immédiatement passionnée. En matière de handicap, le sport est à la fois un outil de rééducation, de réinsertion et de bien-être, mais c’est aussi un élément structurant du projet de vie que l’on va construire avec la personne en situation de handicap.

Quels sont les bienfaits physiques du sport pour les personnes en situation de handicap et comment les utiliser au mieux ?

Claire Delpouve : Les bienfaits du sport touchent trois domaines. D’abord, évidemment, le physique puisque le sport va permettre de travailler le renforcement musculaire, l’endurance, le tonus, l’équilibre, la proprioception, etc. Ensuite, les dimensions psychologiques et cognitive. Quand on fait du sport, on va travailler l’attention et améliorer son bien être avec la libération d’endorphine. Psychologiquement, le sport, c’est aussi un moyen de retrouver de la réussite : c’est fondamental pour tracer un chemin vers l’autonomie. Enfin, le troisième domaine pour lequel le sport est profondément bénéfique, c’est la dimension sociale. Le sport est un moyen d’insertion, de création de lien. C’est très important pour des personnes qui peuvent être isolées, qui se vivent comme différentes et qui, avec le sport, vont pouvoir transformer cette différence en force. Pour que les personnes en situation de handicap puissent vraiment tirer le maximum de ces bénéfices du sport, le plus important et de leur proposer un spectre très large d’activités dans lequel ils puissent choisir celle dans laquelle ils se sentent bien. En Ugecam, nous avons la chance de pouvoir proposer des activités très diversifiées : escalade, natation, tir à l’arc, ping-pong fauteuil, tai-chi, etc.

Comment aller plus loin aujourd’hui pour mettre le sport au service des personnes en situation de handicap ?

Claire Delpouve : Il faut intégrer de façon plus systématique l’activité physique, par exemple avec de la réadaptation à l’effort dès la prise en charge des personnes en situation de handicap. Du côté de nos centres Ugecam, nous avons des plateaux qui sont totalement adaptés aux personnes à mobilité réduite. Nous pourrions davantage les ouvrir à des associations aux heures où nous ne les utilisons pour la réadaptation et la rééducation. Cela nous permettrait d’être un lieu d’accueil pour les pratiques para sportives et de mieux former les encadrants des associations. Enfin, je crois que nous pourrions réfléchir aussi à la manière de proposer de l’activité physique et sportive aux aidants des personnes en situation de handicap. Ils n’ont souvent ni le temps ni la disponibilité pour s’occuper d’eux–mêmes et de leur propre bien-être physique.