Revue Médicale de l'Assurance Maladie 2004 n°1

Page de téléchargement
Ce numéro de la revue Médicale de l'Assurance Maladie (2004, n°1) présente des articles sur les mécanismes de fonctionnement et de régulation des systèmes de soins.

Sommaire

La population traitée par médicaments de la classe des antiasthmatiques en France métropolitaine : données du régime général de l'assurance maladie, 2000
Deprez Ph-H, Chinaud F, Clech S, Vallier N, Germanaud J, Weill A, Cornille JL, Fender P, Allemand H9et le groupe Médipath

Prescriptions de médicaments psychotropes aux enfants et adolescents, région Alsace, 2002
Schick J, Willem P, Weill G

Traumatismes crâniens graves de l'adulte : prise en charge à la phase précoce en Île-de- France
Van Haverbeke L, Deraedt S, Thevenin-Lemoine B, Joly J, Weiss JJ, Fourgon R, Trutt B

Aspects médicaux, sociaux et économiques de la prise en charge des lombalgies chroniques
Haumesser D, Becker P, Grosso-Lebon B, Weill G

L'activité abusive du médecin référent. À propos du jugement rendu par le tribunal des affaires de sécurité sociale de la Charente-Maritime le 20 mai 2003
Lhéritier M, Péjout I

Notes de lecture

Résumés des articles

L'objectif était d'évaluer et décrire la population des bénéficiaires du régime général de l'assurance maladie ayant été remboursés de médicaments de la classe des antiasthmatiques en France métropolitaine en 2000, connaître les disparités géographiques et analyser les pratiques de prescription médicamenteuse.

La population traitée par médicaments de la classe des antiasthmatiques en France métropolitaine : données du régime général de l'assurance maladie, 2000

Auteurs : Deprez Ph-H, Chinaud F, Clech S, Vallier N, Germanaud J, Weill A, Cornille JL, Fender P, Allemand H et le groupe Médipath

RÉSUMÉ

Objectif : Évaluer et décrire la population des bénéficiaires du régime général de l'assurance maladie ayant été remboursés de médicaments de la classe des antiasthmatiques en France métropolitaine en 2000, connaître les disparités géographiques et analyser les pratiques de prescription médicamenteuse.

Méthode : Étude transversale par interrogation des bases de données de remboursement de l'Assurance Maladie (régime général) sur l'année 2000. La population source est représentée par l'ensemble des bénéficiaires du régime général stricto sensu soit 41,5 millions de personnes. Les malades inclus sont ceux ayant bénéficié d'au moins une délivrance d'un médicament de la classe des antiasthmatiques inhalés ou administrés par voie générale, en France métropolitaine.

Résultats : Le taux de prévalence annuel des patients ayant été remboursés de médicaments de la classe des antiasthmatiques était de 10,8 %, soit 4,5 millions de personnes. La prévalence était de 12,9 % entre 5 et 14 ans, de 8,3 % entre 15 et 44 ans, et dépassait 10 % à 45 ans et au-delà. Dans le Sud-Ouest et le Nord de la France, on distinguait des zones de forte prévalence (> 12 %) s'opposant aux régions de l'Est à faible prévalence (< 9%). Les deux principaux groupes thérapeutiques (bêta 2 sympathomimétiques et glucocorticoïdes inhalés) concernaient respectivement 67,2 % et 61,0 % des patients. Plus de la moitié des consommateurs (54,7 %) n'avaient eu qu'une seule délivrance dans l'année qui correspondait, pour près de 550 000 d'entre eux, à des glucocorticoïdes inhalés seuls.

Conclusion : Le recours aux médicaments de la classe des antiasthmatiques est fréquent (plus d'une personne sur dix dans l'année). L'importante proportion de délivrance annuelle unique, notamment de glucocorticoïdes inhalés, pose les questions du diagnostic, du respect de l'autorisation de mise sur le marché, de l'observance et plus généralement de la prise en charge de l'asthme et des broncho-pneumopathies chroniques obstructives.

 

Patients Treated With Anti-asthmatic Medications in Metropolitan France: the National Health Fund's 2000 Data

SUMMARY

Aim: To describe and evaluate affiliates of the French National Health Fund who received reimbursements for anti-asthmatic medications in metropolitan France in 2000. In addition, to study geographic disparities and differences in medical management.

Methods: We performed a cross-sectional study using the reimbursement database of the French National Health Fund (General Scheme) for the year 2000. The study population was comprised by the total number of beneficiaries in the General Scheme stricto sensu, corresponding to 41.5 million affiliates. We enrolled all patients who were reimbursed for at least one anti-asthmatic medication, whether inhaled or administered per os, in metropolitan France.

Results: The annual prevalence rate for patients who were prescribed at least one anti-asthmatic medication was 10.8% or 4.5 million patients. The prevalence was 12.9% in patients between 5 and 14 years old, 8.3% in patients between 15 and 44 years old and greater than 10% in patients older than 45 years. The prevalence was highest in Southwest and Northern France (> 12%) and lowest in Eastern France (< 9%). Overall, 67.2% of the patients were prescribed beta-2 sympathomimetics and 61.0% were treated with inhaled corticosteroids. More than half of the patients (54.7%) received only one prescription during the year; in 550,000 of them, this corresponded to a prescription for inhaled corticosteroids.

Conclusion: Anti-asthmatic medications are frequently prescribed (more than one in ten individuals during the year). The frequency of one-time annual prescriptions, particularly inhaled corticosteroids, raises questions concerning the exactitude of the diagnosis, correct label-use, patient compliance, and in general, the overall management of asthma and chronic obstructive pulmonary disease.

Rev Med Ass Maladie 2004;35,1:3-11

L'objectif était de mesurer et décrire la consommation de psychotropes chez les enfants (<15 ans) et les adolescents (15-19 ans).

Prescriptions de médicaments psychotropes aux enfants et adolescents, région Alsace, 2002

Auteurs : Schick J, Willem P, Weill G

RÉSUMÉ

Objectif : Mesurer et décrire la consommation de psychotropes chez les enfants (< 15 ans) et les adolescents (15-19 ans).

Méthode : Exploitation statistique des bases de données du système informationnel de l'Assurance Maladie (régime général stricto sensu) des cinq caisses primaires d'assurance maladie d'Alsace pour la période du 1er juillet 2001 au 30 juin 2002.

Résultats : La proportion de patients traités en médecine ambulatoire, ayant eu recours dans l'année à des médicaments psychotropes, était de 4,0 % pour les adolescents et de 2,0 % pour les enfants (1,4 % si on ne tient pas compte de produits, comme le diazépam ou l'hydroxyzine, indiqués dans d'autres situations que les affections psychiatriques). Les produits prescrits aux enfants étaient le plus souvent (87 % des prescriptions) des médicaments ayant une indication reconnue par l'autorisation de mise sur le marché pour une utilisation avant l'âge de 15 ans. Mais cette situation ne peut constituer une garantie suffisante du bien-fondé des traitements car les médicaments employés étaient le plus souvent d'anciens produits introduits sur le marché à une époque où les conditions scientifiques d'autorisation étaient très en deçà des exigences auxquelles doit répondre toute demande actuelle d'autorisation de mise sur le marché d'un nouveau médicament.

Conclusion : Les auteurs considèrent, dans ce contexte, que le faible nombre d'études évaluant scientifiquement ces traitements chez les enfants est préoccupant et que des recherches dans ce domaine de la thérapeutique sont indispensables.

 

Prescriptions of Psychotropic Medications in Children and Adolescents in the Alsace Region in 2002

SUMMARY

Aim: Our aim was to measure and describe the use of psychotropic medications in children younger than 15 years old and in adolescents aged between 15 and 19 years.

Methods: We obtained our study data from the computer databases of five of the French National Health Fund's (general scheme stricto sensu) local health agencies in the Alsace region. We used data recorded between July 1, 2001 to June 30, 2002.

Results: 4.0% of adolescents and 2.0% of all infants received out-patient prescriptions for psychotropic medications during the study period. If we eliminate diazepam and hydroxyzine, drugs that are useful in other, non-psychiatric disorders, the percentage of children who were prescribed psychotropic medications falls to 1.4%. 87% of the prescriptions for children were in conformity with the approved label-use for each drug in children younger than 15 years old. However, most of the drugs involved had received approval a long time ago, during a period when the scientific evidence required for approval was much less strict. Accordingly, conformity with label-use does not constitute a guarantee that the medications were being prescribed according to the latest scientific knowledge.

Conclusion: The authors conclude that, to date, there have been too few adequate studies on the use of psychotropic medications in children. Additional appropriate studies are required.

Rev Med Ass Maladie 2004;35,1:13-18

L'objectif était d'étudier la prise en charge des traumatisés crâniens graves à la phase précoce, afin de comparer les pratiques professionnelles aux recommandations de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES), publiées en 1998.

Traumatismes crâniens graves de l'adulte : prise en charge à la phase précoce en Île-de-France

Auteurs : Van Haverbeke L, Deraedt S, Thevenin-Lemoine B, Joly J, Weiss JJ, Fourgon R, Trutt B

RÉSUMÉ

Objectif : Étudier la prise en charge des traumatisés crâniens graves à la phase précoce, afin de comparer les pratiques professionnelles aux recommandations de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES), publiées en 1998.

Méthode : Enquête descriptive, rétrospective, incluant les adultes victimes d'un traumatisme crânien grave au cours du premier semestre 2001, hospitalisés vivants dans un établissement de santé de la région Île-de-France.

Résultats : L'étude a porté sur 215 patients (âge moyen : 39 ans) hospitalisés dans 33 établissements différents. Vingt et un patients ont bénéficié d'une intervention neurochirurgicale et 103 sont décédés, au cours de la première semaine dans 85 % des cas. Des écarts par rapport aux recommandations ont été constatés (prescription de solutés hypotoniques dans 13 % des cas, absence de trace d'exploration du rachis dans 43 % des cas, absence d'information sur l'état pupillaire initial dans 10 % des cas, mesure de la pression intracrânienne insuffisamment réalisée).

Conclusion : Certaines pratiques étant en désaccord avec les recommandations de l'ANAES, la mobilisation des professionnels reste nécessaire pour assurer à tous une prise en charge optimale.

 

Severe Head Trauma in Adults: Early Management in the Île-de-France

SUMMARY

Aim: Our aim was to compare actual early medical management of severe head trauma to the professional guidelines of the National Agency for Health Accreditation and Evaluation (ANAES) published in 1998.

Methods: We performed a retrospective observational study by enrolling all adults who were diagnosed as having severe head trauma during the first half of 2001 and who arrived alive and were subsequently hospitalized in a healthcare facility in the Ile-de- France region.

Results: We enrolled a total of 215 patients (average age: 39 years) who were hospitalized in 33 different facilities. Twenty-one patients underwent neurosurgical intervention. A total of 103 patients died; 85% of them died during the first week of hospitalization. A number of the accepted guidelines were not sufficiently followed: only 13% of the patients were prescribed hypotonic solutions; no spinal films were documented in 43% of the patient charts; in 10% of the cases, the clinical examination lacked information concerning the initial examination of the pupils; intracranial pressure was insufficient monitored.

Conclusion: The accepted ANAES guidelines are not well followed. Clinicians need to be informed of this fact in order to guarantee optimal medical management in the future.

Rev Med Ass Maladie 2004;35,1:19-25

L'objectif était de décrire les modalités de prise en charge des patients atteints de lombalgies depuis plus de trois mois, en décrire les répercussions sur le patient, évaluer les coûts de cette prise en charge.

Aspects médicaux, sociaux et économiques de la prise en charge des lombalgies chroniques

Auteurs : Haumesser D, Becker P, Grosso-Lebon B, Weill G

RÉSUMÉ

Objectif : Décrire les modalités de prise en charge des patients atteints de lombalgies depuis plus de trois mois, en décrire les répercussions sur le patient, évaluer les coûts de cette prise en charge.

Méthode : Étude rétrospective portant sur les assurés sociaux de la caisse primaire d'assurance maladie de Metz (Moselle, France) ayant bénéficié d'un arrêt de travail de plus de trois mois pour lombalgie chronique à partir du 1er janvier 1998, à l'exclusion des ayants droit et des assurés de plus de 65 ans ne bénéficiant pas d'un arrêt de travail. Les critères de jugement retenus ont été les modalités de prises en charge, les répercussions (douleur, qualité de vie, devenir socioprofessionnel) et les données financières.

Résultats : Sur 100 patients, 95 ont été retenus. Il n'existait aucun facteur de risque dans 29,5% des cas. Tous les patients ont bénéficié d'une tomodensitométrie lombaire. Le traitement chirurgical a été nécessaire dans 87,4 % des cas. Le coût moyen de la prise en charge était de 15 679 euros par patient. La durée moyenne de l'arrêt de travail a été de 351 jours avec reprise de l'ancien poste de travail dans 44,2 % des cas. À l'issue du traitement, 84,2 % des patients estimaient que leur état s'était amélioré.

Conclusion : La prise en charge de ce groupe de patients a nécessité une lourde mobilisation du système de soins, sans pour autant éviter des répercussions importantes sur la qualité de vie et le devenir socioprofessionnel des assurés.

 

Medical, Social and Economic Aspects of the Management of Chronic Low-back Pain

SUMMARY

Aim: To describe the management of patients suffering from low-back pain for more than 3 months and determine the consequences for the patient as well as the cost for the healthcare fund.

Methods: We performed a retrospective study involving beneficiaries affiliated with the Metz local health agency (Moselle, France) who were on sickleave for chronic low-back pain for more than 3 months since January 1, 1998. Family members of affiliates who were eligible for benefits and patients older than 65 years old and not on sick leave were excluded from the study. The parameters studied were: types of medical management, consequences (pain, quality of life, socio-professional outcome) and cost of treatment.

Results: We enrolled 95 of the 100 patients initially selected. 29.5% of the patients had no risk factor for this disorder. All of the patients had a lumbar CAT scan. Surgical intervention was performed in 87.4% of the cases. The average overall cost per patient was 15,679 euros. The average sick-leave lasted 351 days and 44.2% of the patients were able to resume their previous employment. Following treatment, 84.2% of the patients considered that they were improved.

Conclusion: The management of these patients required a heavy investment on the part of the entire health care system. Nevertheless, the patients still experienced serious reductions in their quality of life and their professional careers.

Rev Med Ass Maladie 2004;35,1:27-35

L'objectif était de présenter la décision de justice du 20 mai 2003 rendue à l'encontre d'un médecin référent pour activité abusive.

L'activité abusive du médecin référent. À propos du jugement rendu par le tribunal des affaires de sécurité sociale de la Charente-Maritime le 20 mai 2003

Auteurs : Lhéritier M, Péjout I

RÉSUMÉ

Le 20 mai 2003, le tribunal des affaires de sécurité sociale de la Charente-Maritime décidait qu'un médecin référent qui avait dépassé le seuil maximal annuel d'activité devait restituer la première partie de l'indemnité forfaitaire versée par la caisse primaire, laquelle n'était pas tenue de lui régler la seconde.

Cette décision, récemment déférée à la cour d'appel de Poitiers, mérite une attention particulière non seulement parce qu'elle résout une difficulté d'interprétation de la convention nationale des médecins généralistes, mais encore, et surtout, parce qu'elle participe à la conceptualisation juridique de la notion d'activité médicale.

Ainsi, les effets de la solution prétorienne se dédoublent. Désormais, les caisses d'assurance maladie disposent, à l'encontre des médecins référents déviants, d'une nouvelle qualification : l'activité abusive, faute génératrice d'un préjudice financier indemnisable, et, à l'encontre des médecins non référents, d'un moyen permettant d'interpeller moralement ceux qui s'écartent sensiblement du seuil de qualité.

 

Excessive Number of Consultations by Referent Physicians. Comments on a decision rendered by the Court of Social Security Affairs on May 20, 2003 in the Charente-Maritime region of France

SUMMARY

On May 20, 2003, the Court of Social Security Affairs of the Charente-Maritime region of France decided that a referent physician who exceeded the maximum number of annual consultations allowed had to reimburse the first portion of the lump payment sum paid to him by the local health agency; in addition, the agency was not required to pay him the second installment of that sum. This decision, which has recently been deferred to the appellate court of Poitiers, is important because firstly, it resolves a difficulty in the interpretation of the national convention between the health insurance fund and general practitioners. Secondly, and even more important, it considers that medical consultations have become a legal concept. Thus, the effects of the praetorian solution have become more apparent. Henceforth, local health agencies have acquired a new charge they can make against deviant referent physicians: an excessive number of  onsultations, which has become an offence producing a financial prejudice and justifying compensation. At the same time, these same agencies are now armed with a moral means to drawing the attention of non-referent physicians who do not respect the thresholds of quality.

Rev Med Ass Maladie 2004;35,1:37-43

En téléchargement, vous trouverez les notes de lecture du comité de rédaction pour le trimestre.

La revue Pratiques et organisation des soins (anciennement Revue médicale de l’Assurance Maladie) a été publiée entre 2000 et 2012. À partir de 2013, elle a été intégrée à la revue Santé Publique, publiée par la Société française de santé publique.

Informations sur la publication

Propriété Valeur
Thème(s) organisation du système de santé et des soins
Mot(s)-clé(s) pratique médicale
Collection Revue Pratiques et organisation des soins
Date de publication mars 2004
Auteur(s) Assurance Maladie
Fréquence de parution de la collection trimestrielle

Autres publications de la collection