Effet de l’âge relatif sur l’initiation d’un traitement par méthylphénidate et sur le recours à l’orthophonie en France chez les enfants de 5 à 10 ans

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Cette étude pharmaco-épidémiologique quantifie l’effet de l’âge relatif sur l’initiation d'un traitement par méthylphénidate et le recours à la rééducation orthophonique.

Présentation

Cette étude a été conduite par le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare constitué par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale de l'Assurance Maladie (Cnam).

Contexte

En France, les enfants d’un même niveau de scolarité ont jusqu’à 12 mois d’écart d’âge en l’absence de redoublement, une différence relative très importante durant les premières années. L’enfant né en décembre a en moyenne 11 mois de moins que celui né en janvier, soit un écart d’âge relatif de - 13 % entre 5 ans et 9 mois d’une part et 6 ans et 8 mois d’autre part.

L’effet d’âge relatif fait référence à l’avantage qu’ont les individus nés plus tôt au sein d’un groupe constitué à partir des années de naissance (avantage d’être né en janvier par rapport à décembre pour une même classe).

L’effet de l’âge relatif au sein d’un même groupe est largement connu en sciences de l’éducation avec des performances scolaires globalement inférieures pour les plus jeunes et qui peuvent persister parfois à l’âge adulte.

Objectif

Cette étude évalue l’effet de l’âge relatif sur l’initiation d’un traitement par méthylphénidate (Ritaline® et génériques) et sur la prise en charge en orthophonie chez les enfants de 5 à 10 ans.

Méthode

Une étude de cohorte nationale prospective en population menée à partir du système national des données de santé (SNDS) a inclus les enfants nés en France de 2010 à 2016, soit plus de 4 millions d'enfants. La date d’entrée dans la cohorte correspondait au 1er septembre de l’année civile des 5 ans, avec un suivi jusqu'au 31 juillet des 10 ans ou jusqu’à la fin de l’étude (31 juillet 2022). Les enfants ayant déjà eu divers diagnostics avant l’entrée dans la cohorte, comme des anomalies chromosomiques, des malformations congénitales, des troubles mentaux, du comportement ou du développement, une prescription de méthylphénidate, d’autres psychotropes ou une rééducation orthophonique ont été exclus de l’étude.

Résultats

Parmi les 4 769 837 enfants observés dans l’étude évaluant la prescription de méthylphénidate, 38 794 (0,8 %) ont débuté un traitement avec ce médicament.

Sur les 4 188 985 enfants inclus dans l’étude sur le recours à l’orthophonie, 692 086 (16,5 %) ont été pris en charge par un ou une orthophoniste.

Chez les enfants d'un même niveau de scolarité, l’initiation de méthylphénidate augmentait régulièrement et fortement selon le mois de naissance. Comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février ont 7 % de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9 %, ceux de juillet 29 %, ceux d’octobre 46 % et ceux de décembre 55 %.

Les mêmes tendances ont été observées concernant les séances d’orthophonie, dont le recours augmentait de 3 % chez les enfants nés en février, de 12 % chez les natifs d’avril, de 30 % chez ceux de juillet, de 49 % chez ceux d’octobre et de 64 % pour ceux nés en décembre, tous étaient comparés aux enfants dont les naissances avaient eu lieu en janvier de la même année.

L’effet de l’âge relatif sur l’initiation d’un traitement par méthylphénidate est plus marqué à partir du CE1 (7 ans). Quant à la rééducation orthophonique, l’effet est amplifié dès la grande section de maternelle (5 ans).

Conclusion

En conclusion, chez les enfants d’un même niveau scolaire en France, une différence d’âge de quelques mois (effet d’âge relatif) a un impact considérable sur la fréquence d’initiation du méthylphénidate, mais aussi de l’orthophonie.

Plusieurs hypothèses pourraient expliquer ces résultats : les plus jeunes enfants d’une classe, avec une moindre maturation neurologique liée à l’âge réel, pourraient être confrontés à des exigences trop élevées, particulièrement au cours des premières années d'école. Les enfants les plus jeunes seraient alors plus susceptibles d'être diagnostiqués par excès avec un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou avec des troubles des apprentissages.

Inversement, une moindre probabilité ou un retard de prise en charge du TDAH et des autres troubles spécifiques du langage et des apprentissages chez les enfants les plus âgés de la classe (ayant une plus grande maturité) pourraient aussi expliquer l’effet d’âge relatif observé, particulièrement dans un contexte d’offre de soins limitée en pédopsychiatrie et orthophonie en France.

Ces travaux sont appelés à enrichir les réflexions de la communauté éducative, des médecins prescripteurs et des orthophonistes sur leurs pratiques d’enseignement, de diagnostic et de prise en charge thérapeutique. Ils seront ainsi intégrés aux recommandations de bonne pratique sur le diagnostic et la prise en charge des enfants et adolescents atteints de TDAH actuellement en cours d’élaboration sous l’égide de la Haute Autorité de santé

Citer cette étude : Groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare. Effet de l’âge relatif sur l’initiation d’un traitement par méthylphénidate et sur le recours à l’orthophonie en France chez les enfants de 5 à 10 ans. Juin 2024.

Informations sur la publication

Propriété Valeur
Thème(s) médicaments et dispositifs médicaux ; population assurée et prise en charge
Mot(s)-clé(s) auxiliaire médical ; système d'information
Collection Études pharmaco-épidémiologiques
Date de publication juin 2024
Auteur(s) Groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare
Fréquence de parution de la collection ponctuelle

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