Stratégies de campagne vaccinale contre les HPV : éclairages internationaux

En France, la vaccination contre les infections par les papillomavirus humains (HPV est l’abréviation anglaise pour Human Papilloma Virus) a été introduite en tant que recommandation très rapidement après la disponibilité du vaccin sur le marché en 2006. Mais, paradoxalement, la couverture vaccinale contre les HPV reste très modérée puisque celle-ci ne dépassait pas 44,7 % pour les filles et 15,8 % pour les garçons en 2023, alors que les infections HPV représentent un risque important pour la santé (données Santé publique France de 2024).

Le vaccin a été prioritairement recommandé aux jeunes filles dans la mesure où les infections HPV ont d’abord été identifiées comme la cause principale des cancers du col de l’utérus. La recherche médicale a toutefois montré ultérieurement que les infections HPV sont également responsables d’autres cancers dont un tiers touchent les hommes, c’est pourquoi la vaccination a été élargie aux garçons, entre 2013 et 2022, dans la majorité des pays occidentaux.

Les pays avec une forte couverture vaccinale (supérieure à 80 %) affichent des données probantes sur l’efficacité du vaccin :  l’incidence des papillomavirus les plus nocifs est fortement réduite et diminue sensiblement le taux de mortalité de cancers liés aux papillomavirus. Ces résultats très encourageants observés depuis plus de 15 ans ont conduit l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à intégrer la vaccination contre les HPV dans ses recommandations sur les stratégies de vaccination mondiale et nationale, visant à atteindre un objectif de taux de couverture vaccinale entre 80 et 90 % en 2030.

Afin de rattraper son retard en termes de couverture vaccinale, la France a déployé en 2023 une campagne en milieu scolaire en parallèle de la campagne vaccinale habituelle en ville (médecin généraliste, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, etc.). Adressée aux élèves de 5^e après l’autorisation de leurs parents, cette première campagne a permis un accès facilité et gratuit au vaccin et semble avoir eu un effet prometteur puisque la vaccination a progressé de 17 points chez les filles et de 15 points chez les garçons entre le 30/09/2023 et le 31/12/2023 alors que l’année précédente, elle n’avait progressé que de 4 points (données Santé publique France de 2024).

Dans l’objectif d’identifier les marges possibles de progression de la couverture vaccinale en France, l’Assurance Maladie prévoyait, dans son rapport annuel de propositions pour 2024, de publier cette étude complète qui permet de mieux appréhender le contexte international général dans lequel la pratique vaccinale anti-HPV s’inscrit.

Cette étude présente d’une part les enjeux et les obstacles à la réalisation d’une couverture vaccinale optimale. Elle s’attache d’autre part à mettre en évidence les conditions de réussite d’une politique vaccinale contre les HPV en analysant les stratégies des pays qui ont recours aux mêmes outils (vaccination en milieu scolaire et en ville) mais dont la couverture vaccinale connait une forte augmentation ou a déjà atteint un taux de 80 % au cours de ces dernières années.

La comparaison internationale repose sur trois études de cas dont les spécificités illustrent les leviers d’amélioration de la couverture vaccinale en milieu scolaire (Australie) ou sur initiative individuelle en ville (États-Unis, Danemark).

Étude réalisée pour le rapport Charges et produits

Des résultats tirés de cette étude ont été publiés en juillet 2023 dans le rapport de propositions de l'Assurance Maladie pour 2024.

Consulter l'article Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses : les propositions de l'Assurance Maladie pour 2024.

 

Citer cette étude : Anaïs Peano (Cnam). Stratégies de campagne vaccinale contre les HPV : éclairages internationaux. Comparaisons internationales n° 4. Septembre 2024.