Méthode de la cartographie des pathologies et des dépenses de l'Assurance Maladie

Article
Éléments de méthode de la cartographie : source, champ, repérage des pathologies, affectation des dépenses à chaque pathologie, etc.

Quel est l'objet de la cartographie ?

La cartographie permet de décrire la fréquence des pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins.

Le repérage, pour chaque individu, de ses pathologies, traitements chroniques ou épisodes de soins (dont la maternité), se fait grâce à des algorithmes utilisant :

  • des diagnostics renseignés dans le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI ) à la suite d'une séjour hospitalier ;
  • du diagnostic ayant donné lieu à une prise en charge pour affection de longue durée (ALD) ;
  • des actes ou médicaments spécifiques à des pathologies (et remboursés par l'Assurance Maladie).

La cartographie permet ainsi de répartir les dépenses remboursées par l'Assurance Maladie selon les différentes pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins repérés par les algorithmes.

Source des données

Les données de la cartographie, produite par l’Assurance Maladie, sont issues du système national des données de santé (SNDS). Plus spécifiquement, elles proviennent des bases de données de remboursement des soins, de prise en charge pour une affection de longue durée (ALD) et des séjours hospitaliers (programme de médicalisation des systèmes d’information - PMSI).

Champ des données

La cartographie concerne les bénéficiaires de l'ensemble des régimes d'assurance maladie ayant eu recours à des soins remboursés : 68,7 millions de personnes en 2022 (données mises à jour en juin 2024).

La période d’analyse s’étend actuellement de 2015 à 2022, l’exploitation des années antérieures n’étant pas possible en raison de l’absence d’informations sur les affections de longue durée (ALD) avant 2014 pour certains régimes.

Versions de la cartographie

Une nouvelle version de la cartographie est produite chaque année pour une période donnée.

À chaque nouvelle version de la cartographie, l’ensemble des programmes est exécuté pour chaque année de la période. Ainsi, au sein d’une même version de la cartographie, les résultats sont comparables d’une année à l’autre car issus d’une même méthode. En revanche, les données qui proviennent de versions différentes ne peuvent pas être comparées car elles peuvent présenter des différences de méthode.

L’historique des données de la cartographie est donc mis à jour chaque année et complété avec la nouvelle année disponible : la nouvelle version créée remplace la version précédente.

À noter

La dernière version de la cartographie, publiée en juin 2024, propose des données pour les années 2015 à 2022.

Formats de restitution

Les données individuelles sur les pathologies et les dépenses de chaque personne utilisées pour produire les résultats de la cartographie sont mises à disposition des utilisateurs autorisés à accéder au portail SNDS de la Cnam (données accessibles via l'outil SAS). En présentant des données préparées, la cartographie facilite le travail des chercheurs pour repérer les pathologies et calculer les dépenses associées. À noter : la cartographie n’ajoute pas d’information individuelle aux données déjà présentes dans le SNDS.

Les résultats de la cartographie sont également consultables sous forme de :

  • tableaux synthétiques relatifs aux effectifs par pathologie (quatre séries de données) ;
  • tableaux synthétiques relatifs aux dépenses remboursées affectées à chaque pathologie (une série de données) ;
  • fiches synthétiques sur chacune des pathologies repérées ;
  • cartes de la prévalence départementale de chaque pathologie repérée ;
  • datavisualisation interactive (et bases de données complètes téléchargeables) sur le site Data pathologies.

En complément, une analyse de ces résultats est présentée chaque année dans le rapport de propositions de l'Assurance Maladie.

Définition de la population

Sont incluses dans la cartographie des pathologies et des dépenses, toutes les personnes de l'ensemble des régimes d'assurance maladie :

  • ayant bénéficié d'au moins une prestation remboursée dans l’année ;
  • et/ou ayant séjourné au moins une fois dans un établissement de santé public ou privé dans l’année : séjours en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO), psychiatrie (PSY), soins de suite et de réadaptation (SSR), actes et consultations externes (ACE) ou hospitalisation à domicile (HAD).

Des informations sociodémographiques telles que l’âge, le sexe, le département de résidence des bénéficiaires ou l'affiliation à la couverture maladie universelle complémentaire sont proposées.

Des informations détaillées sur la sélection de cette population et la définition des variables sociodémographiques sont disponibles dans le document Composition de la population de la cartographie (PDF).

Repérage des pathologies

L'exploitation des données médico-administratives du SNDS suivant les algorithmes de la cartographie, permet de repérer les personnes prises en charge pour des pathologies, des traitements chroniques et des épisodes de soins.

Ces algorithmes utilisent certains des éléments suivants :

  • codes de la 10e classification internationale des maladies (CIM-10) des affections de longue durée (ALD) ;
  • médicaments spécifiques de certaines pathologies ;
  • codes CIM-10 des diagnostics des séjours hospitaliers pouvant remonter jusqu'à cinq ans ;
  • actes de la classification commune des actes médicaux (CCAM) ou de la nomenclature des actes de biologie médicale (NABM), forfaits ou groupes homogènes de malades (GHM).

À noter : plusieurs pathologies, traitements chroniques ou épisodes de soins peuvent être repérés chez une même personne.

Les différentes pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins ont été regroupés en grandes catégories, détaillées ci-dessous.

Les catégories de pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins de la cartographie des pathologies et des dépenses de l'Assurance Maladie sont définies de la manière suivante :

  • maladies cardio-neurovasculaires et traitements du risque vasculaire : ce groupe comprend les maladies coronaires (dont l’infarctus du myocarde), les accidents vasculaires cérébraux (AVC), l’insuffisance cardiaque, l’artériopathie périphérique, les troubles du rythme ou de la conduction, les maladies valvulaires, l’embolie pulmonaire et les autres affections cardiovasculaires. On distingue les pathologies en phases aiguë et chronique (pour une pathologie donnée, seules les personnes n’ayant pas eu d’épisode aigu dans l’année sont considérées comme en phase chronique). Les traitements chroniques du risque cardio-neurovasculaire sont définis par au moins 3 délivrances d’antihypertenseur ou d’hypolipémiant, en excluant les personnes avec une maladie cardio-neurovasculaire, un diabète et une insuffisance rénale chronique terminale (traitement dit « hors pathologies »). Il s’agit donc probablement de patients traités pour la majorité en prévention primaire d’événements cardio-neurovasculaires ;
  • diabète : quel que soit le type de diabète, 1 ou 2 ;
  • cancers : les plus fréquents(cancers du sein, de la prostate, colorectal et bronchopulmonaire) sont distingués, les autres cancers étant regroupés. On distingue les cancers en phase active de traitement (dits « actifs ») et les cancers en phase de surveillance (dits « sous surveillance »). Pour un cancer donné, une personne ne peut être comptabilisée dans les deux phases la même année ;
  • maladies psychiatriques et traitements psychotropes : groupe comprend les troubles psychotiques (dont la schizophrénie), les troubles névrotiques et de l’humeur (dont les troubles bipolaires et la dépression), la déficience mentale, les troubles addictifs, les troubles psychiatriques débutant dans l’enfance et l’ensemble des autres troubles psychiatriques (de la personnalité ou du comportement). Les traitements psychotropes chroniques (au moins 3 délivrances) comprennent les traitements antidépresseurs et régulateurs de l’humeur, neuroleptiques, anxiolytiques et hypnotiques. Ce sous-groupe exclut les personnes ayant un diagnostic psychiatrique repérable via une hospitalisation ou une affection de longue durée récente (traitement dit « hors pathologies ») ;
  • maladies neurologiques : ce groupe comprend les démences (notamment la maladie d’Alzheimer), la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, les lésions médullaires, la myopathie et la myasthénie, l’épilepsie et les autres affections neurologiques ;
  • maladies respiratoires chroniques : ce groupe comprend notamment, sans toutefois les distinguer, l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive. La mucoviscidose n’est pas incluse dans ce groupe mais dans le groupe ci-dessous ;
  • maladies inflammatoires, maladies rares ou virus de l’immunodéficience humaine (VIH) : les maladies inflammatoires comprennent les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, la polyarthrite rhumatoïde (et maladies apparentées), la spondylarthrite ankylosante (et maladies apparentées) et les autres maladies inflammatoires chroniques. Les maladies rares comprennent les maladies métaboliques héréditaires et l’amylose, la mucoviscidose, l’hémophilie et les troubles de l’hémostase graves. L’infection par le VIH fait l’objet d’un groupe séparé au sein de cette grande catégorie ;
  • insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) : elle comprend la dialyse chronique, la transplantation rénale et le suivi de transplantation rénale ;
  • maladies du foie ou du pancréas : ce groupe comprend l'ensemble des atteintes du foie et du pancréas, à l’exception de la mucoviscidose et du diabète, qui sont repérés par ailleurs ;
  • affections de longue durée (dont ALD 31 et 32) pour d'autres causes : personnes avec une ALD autre que les pathologies mentionnées ci-dessus. Les ALD hors liste (n°31) et pour multimorbidité (n°32) sont prises en compte ;
  • maternité : ce groupe comprend les femmes de 15 à 49 ans, prises en charge pour le risque maternité à partir du 1er jour du 6e mois de grossesse jusqu’au 12e jour après l’accouchement ;
  • hospitalisations hors pathologies repérées : ce groupe comprend les personnes ayant eu au moins un séjour dans un établissement de médecine, chirurgie, obstétrique (MCO), de soins médicaux et de réadaptation (SMR) ou en hospitalisation à domicile pour des motifs qui ne correspondent pas aux autres pathologies repérées. Ils peuvent découler de causes infectieuses (pneumonie par exemple), traumatiques, chirurgicales programmées (prothèse de hanche) ou non (appendicectomie), exploratoires (coloscopie), ou des symptômes ou pathologies mal définis ;
  • hospitalisations pour Covid-19 : ce groupe comprend les personnes avec au moins un séjour en hospitalisation complète pour Covid-19 au cours de l’année, dans un établissement de MCO ou de SMR. Les critères de repérage de ces personnes ont été définis en conformité avec les consignes de codage et les travaux publiés par l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih) ;
  • traitements antalgiques ou anti-inflammatoires : ce groupe comprend les personnes ayant eu au moins six délivrances dans l’année. Ces traitements peuvent être indiqués pour des pathologies rhumatologiques chroniques (lombalgie, arthrose, etc.), mais aussi pour toute pathologie chronique douloureuse. Cependant, seules les personnes n’ayant aucune des pathologies, traitements chroniques ou épisodes de soins décrits ci-dessus sont considérées dans ce groupe.

Par ailleurs, les personnes n’ayant aucune des pathologies, traitements chroniques ou épisodes de soins décrits ci-dessus, donc a priori n’ayant que des soins courants ou des pathologies non repérées par ces algorithmes (maladies infectieuses, traumatismes légers, symptômes divers…), forment la catégorie « pas de pathologie repérée ».

Des informations détaillées sur les algorithmes de repérage de chaque pathologie, traitement chronique et épisode de soins sont disponibles dans le document Méthode détaillée du repérage des pathologies, épisodes de soins ou traitements (PDF).

Ces algorithmes ont fait l'objet d'une expertise externe. Pour plus d'informations, consulter l'étude suivante (découpée en deux parties) :

Composition des postes de dépenses

Les dépenses affectées aux différentes pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins sont les dépenses remboursées par l'ensemble des régimes d'assurance maladie. Seules les dépenses individualisables (c’est-à-dire rattachables à un individu) sont retenues.

Ces dépenses se répartissent entre :

  • les soins de ville ;
  • les soins hospitaliers en établissements de santé (publics ou privés) ;
  • les prestations en espèces : indemnités journalières versées en cas de maladie, d’accidents du travail ou de maladies professionnelles, celles versées en cas de maternité, de congé paternité ou d'adoption et les pensions d’invalidité.

Des informations détaillées sur la composition des postes de dépenses de la cartographie sont disponibles dans le document Composition des postes de dépenses de la cartographie (PDF).

Affectation des dépenses aux pathologies

Un des objectifs de la cartographie est d’affecter l'ensemble des dépenses remboursées par l'ensemble des régimes d'assurance maladie aux différentes pathologies, traitements chroniques et épisodes de soins repérés par les algorithmes. Ainsi, l'ensemble des dépenses remboursées est réparti de manière exclusive entre :

  • les dépenses affectées à la cinquantaine de pathologies, traitements chroniques ou épisodes de soins ;
  • les dépenses affectées aux séjours hospitaliers ponctuels (séjours pour d'autres motifs que les pathologies repérées par ailleurs, par exemple les coloscopies de dépistage) ;
  • les dépenses des personnes ayant un traitement antalgique ou anti-inflammatoire chronique ;
  • les dépenses des personnes sans pathologie, traitement chronique ou épisode de soins repérés ;
  • les dépenses attribuées à la consommation courante de soins de l'ensemble des personnes, qu'elles soient ou non concernées par une pathologie, traitement chronique ou épisode de soins.

En outre, le montant affecté à chacune des pathologies, traitements chroniques ou épisodes de soins est ventilé par poste de dépenses (regroupés en soins de ville, hospitalisations, prestations en espèces).

Des informations détaillées sur la méthode d’affectation des dépenses aux pathologies sont disponibles dans le document Méthode détaillée d'affectation des dépenses aux pathologies, épisodes de soins ou traitements (PDF).

Indices de morbidité issus de la cartographie

Deux mesures synthétiques de morbidité (« indices » ou « scores ») ont été développées à partir des pathologies ou groupes de pathologies repérées par les algorithmes médicaux et des dépenses individuelles remboursées pour les individus inclus dans la cartographie des pathologies et des dépenses.

L’indice MRMI (Mortality-Related Morbidity Index) est prédictif de la mortalité à deux ans et l’indice ERMI (Expenditure-Related Morbidity Index) est prédictif des dépenses totales de soins (hospitalières et ambulatoires, hors prestations en espèces) sur deux ans. Ces deux indices ont été développés et validés parmi les personnes de la cartographie âgées de 65 ans ou plus et affiliés au régime général, à l’échelle nationale. Ils peuvent être utilisés comme variables descriptives de l’état de santé d’une population, variables de stratification ou d’ajustement sur l’état de santé, dans les études sur données du SNDS. La disponibilité de deux indices différents permet d’adapter le choix de la mesure de morbidité à l’objectif de chaque étude, selon que l’intérêt principal porte sur la prise en compte du risque de décès (MRMI) ou de l’intensité du recours aux soins (EMRI).

Des informations détaillées sur la méthode d’élaboration de ces indices, les conditions d’utilisation optimales, les éléments de validation, ainsi qu’une proposition de codes SAS et R pour le calcul des indices à partir des tables individuelles de la cartographie des pathologies et des dépenses, sont disponibles dans le document Indices de morbidité MRMI et ERMI élaborés à partir des données de la cartographie des pathologies et des dépenses (mai 2021) (PDF).

Ces deux indices prédictifs ont fait l'objet d'une publication dans la revue Journal of Clinical Epidemiology en novembre 2018. Consulter l'article Two morbidity indices developed in a nationwide population permitted performant outcome-specific severity adjustment.