Campagne de prévention contre le mal de dos au travail

(chapitre 1 du dossier de presse)

Le mal de dos au travail, enjeux et perspectives

Le mal de dos, ou « lombalgie » selon le terme médical, n’épargne aucun secteur professionnel. Plus de 4 actifs sur 5 déclarent avoir déjà eu mal au dos pendant ou après le travail (1).

Dans un contexte général de baisse de ce que l’on nomme la « sinistralité », c’est-à-dire le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles, la part de la lombalgie ne diminue pas. Elle représentait 13 % des accidents du travail en 2005. Douze ans plus tard, la proportion grimpait à 20 % (2). En 2017, la lombalgie représente 170 000 accidents du travail, soit une fréquence de 7,7 pour 1 000 salariés (3).

À savoir

Selon l’Institut national de recherche et sécurité (INRS), plus de 2 salariés sur 3 ont souffert, souffrent ou souffriront un jour, d’une « lombalgie » (4), nom scientifique du mal de dos.

Un coût social et humain pour les salariés

Les douleurs, dans la phase aiguë du mal de dos, peuvent être très invalidantes et provoquer une gêne dans les activités personnelles et professionnelles. Une lombalgie sur cinq entraîne un arrêt de travail mais dans 50 % des cas, la durée de l’arrêt est inférieure à deux semaines (5). De fait, 90 % des lombalgies évoluent favorablement en quelques semaines (6). Sept personnes sur 100 continuent néanmoins à présenter des douleurs après 12 semaines (7). La lombalgie représente en effet 30 % des arrêts de travail de plus de 6 mois et la durée des arrêts pour les lombalgies reconnues en accident du travail est de 2 mois en moyenne, d’1 an en cas de maladie professionnelle (3).

Lorsqu’il devient chronique, le mal de dos entraîne de lourdes conséquences en termes de désinsertion sociale et professionnelle, a fortiori lorsqu’il est lié au travail. Les durées d’arrêts observées sont en effet plus longues quand les lombalgies sont en lien avec le travail que lorsqu’elles surviennent dans un autre contexte (2). Or, le mal de dos chronique engendre une perte de confiance, progressive mais réelle, accompagnée d’un syndrome de déconditionnement physique, psychologique et social de l’individu. Aussi, la lombalgie représente la 1re cause d’inaptitude avant 45 ans et la 3e cause d’invalidité pour le régime général (8).

À savoir

Selon l’INRS, la durée des arrêts causés par une lombalgie après accident du travail a plus que doublé en 35 ans, passant de 25 jours en 1970 à 55 jours au début des années 2000 (9).

Des coûts directs et indirects pour les entreprises et la collectivité

En 2017, le mal de dos lié au travail a entraîné 12,2 millions de journées de travail perdues, soit 57 000 équivalents temps plein (10). Cotisations accidents du travail/maladies professionnelles, frais de remplacement, les conséquences économiques de la lombalgie sont aussi variées qu’importantes.

L’estimation des coûts annuels directs supportés par les entreprises dépasse désormais le milliard d’euros (10) au travers de leurs cotisations accidents du travail/maladies professionnelles. Plus de la moitié (580 millions) est liée aux indemnisations des arrêts de travail. Par ailleurs, le coût pris en charge par la branche Maladie dans le cadre des arrêts de travail s’évalue à 661 millions d’euros (11) (dont 353 millions pour les seules indemnisations). Ce coût est certainement sous-estimé du fait de la difficulté à repérer les lombalgies aiguës dans la base de données de l’Assurance Maladie (Sniiram (12)).

Les coûts indirects pour les entreprises sont difficiles à chiffrer. Ils intègrent la désorganisation des équipes, la baisse de productivité, les retards de production et malfaçons, la dégradation éventuelle du climat social et de l’image de l’entreprise au regard de l’augmentation du turnover, la démotivation des salariés… Selon l’INRS, ces coûts indirects pourraient être jusqu’à 10 fois supérieurs aux coûts directs (13).

Le mal de dos représente (10)
  • 20 % des accidents de travail
  • 30 % des arrêts de travail de plus de 6 mois
  • près de 15 % des accidents de trajet
  • 2 mois d’arrêt en moyenne pour un accident du travail
  • plus d’1 milliard d’euros de cotisations versées

Prévenir le mal de dos au travail : les bénéfices attendus

Tout comme le mal de dos est délétère pour les salariés et les entreprises, le prévenir présente des bénéfices. En effet, 94 % des employeurs interrogés dans le cadre du baromètre BVA (14) estiment que la prévention de la lombalgie aurait un impact positif sur l’activité de leur entreprise et 96 % sur la santé des salariés. Parmi les principaux bénéfices attendus, on peut citer la fidélisation des équipes, une amélioration de la performance et de la productivité, l’attractivité de l’entreprise, la baisse de l’absentéisme.

À savoir

72 % des employeurs interrogés reconnaissent que prévenir la lombalgie est surtout l’affaire de l’entreprise.

Préserver la santé des salariés, une obligation légale pour les employeurs

L’employeur est tenu de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Cette obligation repose sur l’article L4121-1 du Code du travail (15) qui stipule que l’entreprise doit notamment réaliser :

  • des actions de prévention des risques professionnels et de la pénibilité au travail ;
  • des actions d’information et de formation des salariés.

Il doit par ailleurs évaluer les expositions de ses salariés aux facteurs de pénibilité. Depuis le 1er juillet 2012 (décret 2012-135), il lui incombe de désigner un ou plusieurs salariés compétents pour s’occuper des activités de protection et de prévention des risques professionnels dans l’entreprise.

(1) BVA pour l’Assurance Maladie « Connaissances et attitudes vis-à-vis de la lombalgie ». Enquête réalisée par Internet en avril 2018 auprès d’un échantillon national représentatif de 2 000 Français âgés de 18 ans et plus et 400 médecins généralistes.

(2) Rapport de l’Assurance Maladie – Risques professionnels, Les lombalgies liées au travail : quelles réponses apporter à un enjeu social, économique et de santé publique ?, Collection « Santé et travail : enjeux et actions », janvier 2017.

(3) Assurance Maladie – Risques professionnels. Données 2017 sur les lombalgies liées au travail.

(4) www.inrs.fr/risques/lombalgies/statistique.html

(5) Assurance Maladie – Risques professionnels. Données 2017 sur les lombalgies liées au travail.

(6) « Lombalgie chronique, définition et prise en charge », La revue du praticien, vol. 58, pp. 265-271.

(7) Poiraudeau S, Lefevre-Colau MM, Fayard F, et al. Low back pain. EMC-Rhumatol Orthop. 2004, Vol. 1:295-319.

(8) Cherin P. et de Jaeger C., « La lombalgie chronique : actualités, prise en charge », Chronic low back pain: News and treatment, septembre 2011.

(9) INRS – Travail et lombalgie, du facteur de risque au facteur de soin, page 8.

(10) Assurance Maladie – Risques Professionnels. Données 2017 sur les lombalgies liées au travail.

(11) Régime général strict, hors SLM, pour lombalgie commune sans acte de chirurgie.

(12) Système national d’information inter-régimes de l’Assurance Maladie.

(13) Source INRS : www.inrs.fr/dms/inrs/CataloguePapier/ED/TI-ED-6057/ed6057.pdf

(14) BVA pour l’Assurance Maladie « Connaissances et attitudes vis-à-vis de la lombalgie ». Enquête réalisée par Internet en juillet 2017 auprès d’un échantillon national représentatif de 2 000 Français âgés de 18 ans et plus et 400 médecins généralistes libéraux et par téléphone auprès d’un échantillon raisonné de 406 personnes pour surreprésenter les secteurs sinistrogènes et les entreprises de plus de 50 salariés.

(15) https://www.legifrance.gouv.fr/affichCode