Usage des médicaments durant l'épidémie de Covid-19 : point de situation 5 semaines après le début du confinement
Une maladie infectieuse émergente, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19), provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2 est apparue en novembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine centrale, puis s’est propagée en quelques mois à travers le monde pour devenir une pandémie. En France l’épidémie de Covid-19 a émergé en février dans le département de l’Oise. Un confinement de la population restreignant les contacts humains et les déplacements au strict nécessaire a été mis en place au niveau national à partir du 17 mars 2020. Durant le mois de mars l’épidémie a été particulièrement active dans les régions Grand Est puis Île-de-France, et à un degré moindre en région Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. Des centaines de cas ont été répertoriés dans chacune des régions de métropole et d’Outre-mer. Le 30 avril 2020 il y avait selon Santé publique France (1) 128 000 cas de Covid-19 confirmés sur le territoire national avec plus de 24 300 décès. La charge de soins était en diminution en milieu hospitalier avec à cette même date 26 000 personnes hospitalisées dont 4 000 en réanimation. Près de 92 000 personnes avaient été hospitalisées pour le Covid-19 depuis le débit de l’épidémie et 50 000 étaient de retour à domicile en raison de l’amélioration de leur état de santé.
Il n’existe toujours pas à ce jour, pour le Covid-19, de traitement médicamenteux curatif ou préventif ayant fait la preuve de son efficacité dans des essais thérapeutiques randomisés. Dans ces conditions les nombreux malades suivis par leurs médecins en ville ou passés par les centres 15 ont utilisé des traitements symptomatiques habituels des épisodes saisonniers de types grippaux pour lutter contre la fièvre, les symptômes respiratoires comme la toux, les douleurs, les courbatures… Certains patients se sont vus prescrire de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine parfois associée à l’azithromycine, ou d’autres antiviraux en milieu hospitalier.
Au-delà des cas de Covid-19, de nombreux patients traités habituellement pour une ou plusieurs maladies chroniques ont été confrontés à des difficultés - ou des peurs de contamination - pour accéder au système de soins, particulièrement dans la phase initiale. Ainsi, malgré la mise en place massive de téléconsultations, on observait une diminution de l’ordre de 40 % des actes en médecine générale et de 70 % en médecine de spécialité. Dans ce contexte sanitaire exceptionnel, des dispositions dérogatoires ont été prises autorisant les pharmaciens d’officine, à partir de 20 mars, d’accepter les ordonnance périmées pour délivrer les médicaments et ce jusqu’au 31 mai.
L’objectif général de ce travail est de mesurer l’évolution de l’utilisation des médicaments prescrits, en lien ou non avec le Covid-19, en France au cours de l’épidémie avec un focus particulier sur les cinq premières semaines de confinement.
Un premier objectif est de mesurer l’utilisation des médicaments pour les pathologies chroniques cardiovasculaires, du diabète, des pathologies psychiatriques ou d’autres pathologies chroniques.
Un deuxième objectif est de mesurer l’utilisation des médicaments habituellement à but préventif et/ou non thérapeutique comme les vaccins, mais aussi la contraception orale, la contraception d’urgence et les produits nécessaires pour réaliser des actes d’exploration d’imagerie (scanner ou IRM) ou de coloscopie.
Enfin un troisième objectif est de décrire la consommation médicamenteuse en lien potentiel avec l’épidémie de Covid-19 comme l’utilisation du paracétamol, de l’ibuprofène, de la chloroquine, de l’hydroxychloroquine associée ou non à l’antibiotique azithromycine.
(1) L’épidémie de COVID-19 en France sur le site de Santé Publique