Usage des médicaments durant l'épidémie de Covid-19 : point de situation 9 semaines après le début du confinement
En France l’épidémie de Covid-19 a émergé en février dans le département de l’Oise. Un confinement de la population restreignant les contacts humains et les déplacements au strict nécessaire a été mis en place au niveau national à partir du mardi 17 mars 2020. Durant le mois de mars l’épidémie a été particulièrement active dans les régions Grand Est puis Île-de-France. Des milliers de cas ont été répertoriés dans chacune des régions de métropole et d’Outre-mer. Le 11 mai a débuté la phase dite de déconfinement avec des règles différentes selon les régions. Le 9 juin 2020 il y avait eu selon Santé publique France 154 500 cas de Covid-19 confirmés sur le territoire national avec plus de 29 300 décès (dont plus de 10 000 survenus au sein d’établissements sociaux et médico-sociaux (EHPAD notamment). La charge de soins était en forte diminution en milieu hospitalier avec à cette même date 12 000 personnes hospitalisées dont 955 encore en réanimation. Près de 103 000 personnes avaient été hospitalisées pour le Covid-19 depuis le débit de l’épidémie et 71 500 étaient retournées à domicile en raison de l’amélioration de leur état de santé.
Il n’existe toujours pas à ce jour, pour le Covid-19, de traitement médicamenteux curatif ou préventif ayant fait la preuve formelle de son efficacité dans des essais thérapeutiques randomisés. Dans ces conditions les nombreux malades suivis par leurs médecins en ville ou passés par les centres 15 ont utilisé des traitements symptomatiques habituels des épisodes saisonniers de types grippaux pour lutter contre la fièvre, les symptômes respiratoires comme la toux, les douleurs, les courbatures… Certains patients se sont vus prescrire de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine parfois associée à l’azithromycine, ou d’autres antiviraux en milieu hospitalier. Le nombre de patients diagnostiqués en période de déconfinement était plus faible qu’attendu.
Au-delà des cas de Covid-19, de nombreux patients traités habituellement pour une ou plusieurs maladies chroniques ont été confrontés à des difficultés - ou des peurs de contamination - pour accéder au système de soins, particulièrement dans la phase initiale. Ainsi, malgré la mise en place massive de téléconsultations, on observait durant le confinement une diminution de l’ordre de 40 % des actes en médecine générale et de 70 % en médecine de spécialité. Dans cette situation sanitaire exceptionnelle, des dispositions dérogatoires ont été prises autorisant les pharmaciens d’officine, à partir du 20 mars, d’accepter les ordonnances périmées pour délivrer les médicaments et ce jusqu’au 31 mai.
Dans le contexte sanitaire de l’épidémie de Covid-19 ce troisième rapport (1)(2) du Groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE ANSM-CNAM quantifie l’évolution de l’utilisation des médicaments prescrits en France, en lien ou non avec la Covid-19, depuis le début de l’épidémie.
(1) Premier rapport : Weill A, Drouin J, Desplas D, Dray-Spira R, Zureik M. Usage des médicaments de ville en France durant l’épidémie de Covid-19 – point de situation à la fin mars 2020. Etude pharmaco-épidémiologique à partir des données de remboursement du SNDS. Rapport 1 - 17 Avril 2020. EPIPHARE - Groupement d’intérêt scientifique (GIS) ANSM-CNAM. Rapport 1 final, Saint-Denis, le 19 Avril 2020, 134 pages.
(2) Weill A, Drouin J, Desplas D, Cuenot F, Dray-Spira R, Zureik M. Usage des médicaments de ville en France durant l’épidémie de Covid-19 – point de situation après 5 semaines de confinement (jusqu’au 19 avril 2020) - Etude pharmaco-épidémiologique à partir des données de remboursement du SNDS. Groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPIPHARE - ANSM-CNAM. Rapport 2 final, Saint-Denis, le 30 Avril 2020, 218 pages.