Réforme du transport sanitaire en taxi : agir pour préserver l'accès aux soins et l'équilibre de notre système de santé
Près de 14 milliards d’euros de déficit en 2024 pour l’Assurance Maladie. Une projection à 22 milliards en 2025. Dans ce contexte, la maîtrise des dépenses de santé est un impératif absolu pour garantir la pérennité de notre modèle solidaire.
Parmi les postes en forte hausse : les transports sanitaires, et en particulier ceux effectués en taxis conventionnés, qui représentent 3,07 milliards d’euros en 2024, soit près de la moitié des dépenses totales de transport remboursé. Ces dépenses liées aux transports en taxis ont augmenté de près de 45% depuis 2019 (contre 35% pour les ambulances et 17 % pour les VSL).
Dans le même temps, l’accès aux soins reste un défi majeur, en particulier dans les zones sous-dotées. C’est le cas de la Seine-Maritime, où la flotte de taxis conventionnés reste inférieure à la moyenne nationale, limitant la capacité à répondre aux besoins croissants de patients souvent en situation de vulnérabilité.
Le transport sanitaire est un vecteur clé d’accès aux soins mais le modèle est sous pression :
- Vieillissement de la population
- Augmentation des maladies chroniques
- Développement de la chirurgie ambulatoire et raccourcissement des hospitalisations
- Déserts médicaux croissants, plus de trajets sur de plus longues distances.
Face à ce double enjeu – maîtriser les dépenses et renforcer l’accès aux soins, l’Assurance Maladie a signé une nouvelle convention-cadre nationale avec les représentants du secteur. Elle entrera en vigueur le 1er octobre 2025, avec une ambition claire : transformer en profondeur le modèle de transport sanitaire en taxi, pour le rendre plus juste, plus efficace, et plus soutenable.
Une réforme pour un modèle plus juste et adapté
Cette convention vise quatre objectifs majeurs :
- Améliorer l’accès aux soins en rééquilibrant l’offre de taxis sur le territoire, notamment dans les zones de sous-dotation.
- Transformer le modèle tarifaire pour le rendre plus lisible, équitable et centré sur l’efficacité des trajets (fin des retours à vide systématiques, développement du transport partagé).
- Assurer la soutenabilité des dépenses de transport dans un contexte de croissance forte (+7 % au niveau national en 2024 pour les seuls taxis).
- Préserver et adapter le secteur aux nécessaires évolutions, pour répondre aux enjeux actuels et aux besoins des patients.
Le nouveau modèle tarifaire s’articulera autour de trois piliers clairs :
- Un forfait unique de prise en charge pour valoriser le rôle d’accompagnement du taxi.
- Un tarif kilométrique unique par département, simplifiant les pratiques.
- Des suppléments ciblés pour répondre aux besoins spécifiques (transports de personnes à mobilité réduite, péages, spécificités locales…).
Un accompagnement au plus près des territoires
Consciente de l’ampleur de la transformation, l’Assurance Maladie prévoit un accompagnement renforcé des professionnels, incluant des comités de suivi et des échanges réguliers avec les représentants du secteur. La mise en œuvre tiendra compte des réalités locales et des besoins des patients. Ce modèle clarifié et refondu a vocation à corriger le système actuel qui tend à rendre plus rentable le retour des taxis à vide, contribuant à un gaspillage à la fois économique et écologique. Il s’agit de favoriser une meilleure utilisation de la flotte de taxis et des ressources disponibles, afin d’accroître les capacités de transports de patients.
« Avec près de 470 000 trajets réalisés cette année en Seine-Maritime, les taxis conventionnés sont un maillon indispensable du parcours de soins. Cette réforme ambitieuse vise à garantir un accès équitable et durable aux transports sanitaires pour tous les patients, tout en renforçant la qualité de service et la maîtrise des dépenses publiques. »
« Dans un département comme la Seine-Maritime, où la densité de taxis conventionnés reste faible, il était crucial d’agir pour garantir un accès équitable aux soins, partout et pour tous. »
« Face à un déficit historique, il est indispensable de concilier maîtrise budgétaire et amélioration du service rendu aux patients. »
Chiffres clés
Nationalement :
- Fin 2024 : 39 112 taxis sont conventionnés avec l’Assurance Maladie, répartis dans près de 28 000 entreprises. A titre de comparaison, il y a 5 146 entreprises de transports sanitaires, regroupant 14 932 ambulances et 14 253 VSL.
- En moyenne, le trajet en taxis représente un remboursement de 63€ en 2024, contre 38€ pour les VSL.
- En 2024, 6,5 millions de patients ont bénéficié d’un transport remboursé par l’assurance maladie, soit près de 6,7 milliards d’euros (+6,3% par rapport à 2023), montant approchant l’ensemble des dépenses liées à la prévention (7.5 milliards en 2023)
- Les dépenses de taxis représentent 3,07 milliards d’euros et sont en très forte augmentation (+7% par rapport à 2023). Elles représentent à elles seules 46% des dépenses totales de transports de patients (et 75% des dépenses de transport assis professionnalisé).
- Les transports remboursés représentent plus de 50% du chiffre d’affaires des taxis conventionnés au niveau national et peuvent atteindre 80% du CA voire davantage pour certains d’entre eux.
- Coût moyen d’un trajet en taxi passé de 49 € à 63 € en dix ans
Localement :
- 428 taxis conventionnés, inférieur à la moyenne nationale
- 469 087 transports sanitaires réalisés par des taxis sur les 12 derniers mois
- 27,4 millions d’euros de dépenses liées à ces transports sur cette période (+3.66%), soit près du montant du budget d’investissement du CHU de Rouen (35 millions d’euros).