Rapport du colloque « Renoncement et l’accès aux soins »
Le premier axe de la convention d'objectifs et de gestion (COG) signée entre l'État et la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam) pour 2018-2022 porte sur le renforcement de l'accessibilité territoriale et financière du système de soins. Il propose notamment de comprendre et réduire le renoncement en accompagnant les assurés dans leur accès aux soins. En effet, le phénomène de renoncement aux soins n'est pas résiduel.
Depuis 2014, la Cnam travaille en partenariat avec l'Odenore (Observatoire des non-recours aux droits et services) sur cette question. Retrouvez les actes synthétiques du dernier Colloque « Renoncement et accès aux soins ».
Une vidéo synthétique présente les grandes lignes du colloque 2019 en 3 minutes
[Cette vidéo de l'Assurance Maladie résume en trois minutes le colloque sur le renoncement et accès aux soins qui s’est tenu à Paris les 6 et 7 juin 2019 dans le cadre du programme Agir Ensemble 2022. On y voit intervenir : Philippe Warin (directeur de recherche au CNRS et cofondateur de l’Odenore), Nicolas Revel (directeur de la Cnam), Mireille Elbaum (inspectrice générale des affaires sociales et coordinatrice de l’Iheps), Thierry Lang (directeur de l’Iferiss), Christian Fatoux (directeur de la CPAM du Gard) et Héléna Revil (chercheure, Odenore).]
Philippe Warin : L'objectif principal de ces deux jours est de débattre de l'accès aux soins autour de grandes questions comme la disponibilité de l'offre, l'accessibilité de celle-ci en termes réglementaires, financiers, géographiques, mais aussi l’acceptabilité pour les personnes du fait des postures organisationnelles et professionnelles, en tenant compte des conditions de vie de ces personnes.
Nicolas Revel : Ce colloque a été organisé avec Odenore avec un regard qui est celui d'une évaluation, que nous souhaitons poursuivre par tâtonnements, par tentatives pour essayer d'améliorer concrètement les choses au cours des prochaines années.
Question : Observer le renoncement et l’accès aux soins, que faut-il retenir ?
Mireille Elbaum : Nous avons intérêt à combiner les approches quantitatives, qualitatives, faisant appel de très près à la parole des personnes concernées. Il ne faut pas oublier de se poser les questions qui ne naissent pas spontanément des publics ou des remontées que l'on a sous la main.
Question : Quels sont les principaux déterminants ?
Thierry Lang : Premièrement, il y a un déterminant majeur sur lequel on peut agir, c'est le déterminant financier. Ensuite il y a tout l'aspect accompagnement, qui concerne aussi bien les professionnels que les patients, qui est aussi très important. Mais il ne faudrait surtout pas oublier que l'ensemble se situe dans un contexte large, qui est un contexte socio-économique et qui est la complexité du système de soins.
Question : Quelles sont les perspectives ?
Christian Fatoux : Il y a des savoirs-faire, il y a des initiatives intéressantes qui sont prises et il manque, me semble-t-il, un lieu pour que ces acteurs partagent ensemble ce qu'ils font, Et, au fond, qu’ils définissent une stratégie sur l'accès aux soins pour le territoire.
Question : Quel bilan de ces deux jours ?
Héléna Revil : C'est un bilan positif, à la fois sur le fond et sur la forme parce qu'on a entendu des acteurs échanger, on a entendu des points de friction. Et je pense que c'est normal car nous sommes sur une thématique majeure qui est le droit à la santé et heureusement que nous ne sommes pas tous d'accord sur la manière de faire pour améliorer les choses. Mais, cela dit aussi que nous pouvons faire différemment et que nous pouvons faire mieux à l'avenir.
Question : Et pour l’Assurance Maladie ?
Nicolas Revel : Ce colloque a d'abord permis de démontrer à quel point l'Assurance Maladie considère la question de l'accès aux soins comme une question totalement centrale. Il ne suffit pas d'améliorer les droits théoriques des assurés. En réalité, ce que nous voyons, c'est que quand bien même ces droits existent, il y a une distance ancrée et que parfois nous ne soupçonnons pas suffisamment. Et on est très conscients que nous devons, pour franchir une étape, réussir à travailler davantage en partenariat parce que l'Assurance Maladie n'est pas le seul acteur : travailler avec les associations, travailler avec les collectivités locales, travailler avec les professionnels de santé...